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Année 2003



Octobre 2003

Mercredi 22 Octobre 2003 : Un journaliste français tué en Côte d'Ivoire par un policier ivoirien.

Un journaliste français, Jean Hélène, correspondant de Radio France Internationale en Côte d'Ivoire, a été tué par balles mardi soir à Abidjan par un policier ivoirien. Le président français Jacques Chirac a "demandé aux autorités ivoiriennes que toute la lumière soit faite sur cet assassinat".

Par la voix de sa porte-parole Catherine Colonna, il a fait part de son "émotion" après avoir appris "le décès de Jean Hélène, grand professionnel disparu dans l'exercice de son métier au service de l'information sur une terre africaine qu'il connaissait si bien".

"Une fois encore, un journaliste paie un lourd tribut à la liberté de l'information", a déploré le ministre français de la Culture Jean-Jacques Aillagon, qui s'est rendu mercredi à la rédaction parisienne de RFI pour "saluer sa mémoire et s'associer à la peine de ses proches et de ses collègues".

Pour sa part, dans une lettre à Jean Cluzel, président de RFI, le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin exprime sa "profonde consternation" et sa "très sincère émotion". Il rend hommage à la mémoire d'un homme de métier droit et rigoureux, profondément attaché à la terre africaine, toujours soucieux de coller au plus près de la réalité des faits et de la compréhension des hommes, derrière lesquelles il savait s'effacer (...)
Le continent africain et la presse française ont perdu cette nuit un ami irremplaçable".

Le journaliste a été tué devant le quartier général de la police ivoirienne à Abidjan, la capitale économique du pays. Jean Hélène attendait la libération de onze membres de l'opposition emprisonnés depuis vendredi pour les interviewer, ont expliqué les journalistes de RFI.

Un diplomate français basé en Côte d'Ivoire, Simon Michel, a confirmé le meurtre et a affirmé qu'un officier de police en était l'auteur. Les autorités ivoiriennes ont d'ailleurs annoncé l'arrestation du policier soupçonné. Des diplomates français ont rencontré mardi soir le président ivoirien Laurent Gbagbo, a précisé M. Michel.

Un témoin a expliqué à l'Associated Press que le journaliste s'était fait tirer dans le dos "sans aucune raison". Selon la correspondante de RFI à Dakar, Sophie Malibeaux, Jean Hélène aurait reçu une balle dans la tête. RFI ne savait pas ce qui a pu entraîner le drame, a-t-elle ajouté.

"Cette nouvelle a plongé toute la rédaction de RFI dans la stupeur et la consternation", a déclaré à l'antenne de la radio Jérôme Bouvier, directeur de la rédaction. "C'était un amoureux fou de l'Afrique. Nous aimions tous cette folie et cette passion".

Jean Hélène, né en 1953 à Mulhouse, travaillait pour Radio France Internationale depuis 1988. Amoureux de l'Afrique, il a notamment été correspondant permanent de la radio à Libreville, au Gabon, et a couvert les conflits au Rwanda, au Congo-Kinshasa, en Somalie et au Liberia. Il a également dirigé le service Afrique entre 2001 et 2002, avant de repartir sur le terrain, à Abidjan depuis le 1er avril de cette année.

C'est la première fois qu'un civil français est tué en Côte d'Ivoire depuis le début de la crise politique et militaire qui agite le pays depuis 2002.

La Côte d'Ivoire est une ancienne colonie française, et les journaux et radios françaises sont les médias les plus écoutés. Fin 2002, la communauté française en Côte d'Ivoire comptait 16.000 personnes.

Août 2003

Mardi 26 Août 2003 : Deux soldats français tués par des ex-rebelles.

Deux soldats français de l'Opération Licorne ont été tués lundi en fin d'après-midi dans le centre de la Côte d'Ivoire lors d'un accrochage avec des "éléments incontrôlés" des Forces nouvelles (ex-rébellion), a annoncé mardi un porte-parole de l'armée française à Abidjan.

Les deux victimes faisaient partie d'un groupe de militaires français qui effectuaient une patrouille fluviale sur le lac Kossou près de Sakassou (centre), dans la "zone de confiance" démilitarisée entre ex-rebelles et troupes loyalistes, lorsque l'incident a eu lieu, a indiqué à l'AFP le lieutenant-colonel Jérôme Sallé, porte-parole de l'Opération Licorne.

Les membres de la patrouille discutaient avec les habitants d'un village situé sur la berge du lac lorsque des "personnels des Forces nouvelles, fortement armés et juchés sur une camionnette, sont arrivés à hauteur des soldats français", les prenant à parti. A l'issue de cette "discussion assez vive", les éléments rebelles, "sous l'emprise de l'alcool" ou d'une drogue, comme c'est souvent le cas des combattants en Afrique de l'ouest et connus des militaires français, se sont retirés et ont ouvert le feu sur la patrouille qui étaient sur le point de partir et qui a riposté.

Trois militaires français ont été blessés, dont deux très grièvement atteints qui ont succombé à leurs blessures, respectivement à la tête et au thorax. L'un d'entre eux était l'infirmier de la patrouille. Les familles des victimes, dont les identités et l'unité n'ont pas été précisées, ont été prévenues, a souligné le lieutenant-colonel Sallé. Aucun bilan n'était disponible du côté des assaillants, dont certains ont vraisemblablement été touchés par les tirs de riposte français.

A Paris, un porte-parole du ministère de la Défense, le colonel Christian Baptiste, a précisé qu'entre 20 et 30 rebelles avaient été impliqués dans cette fusillade. Selon les survivants, au moins un rebelle a été tué.

"Il s'agit des deux premiers soldats français morts au combat" dans le cadre de cette opération française en Côte d'Ivoire, forte actuellement d'environ 4.000 hommes chargés de surveiller le cessez-le-feu aux côtés d'une force de paix ouest-africaine et d'appuyer le processus de réconciliation, a indiqué le porte-parole.

Le lieutenant-colonel Sallé a estimé que cet accrochage "ne modifiait pas la mission de l'armée française en Côte d'Ivoire". Il a en outre assuré que cet affrontement n'avait aucun lien avec l'arrestation au cours du week-end en France d'une dizaine de personnes soupçonnées de comploter pour renverser le régime ivoirien.

Pour sa part, le général Pierre-Michel Joana, commandant de l'opération Licorne, a souhaité que ces "éléments incontrôlés" soient arrêtés et jugés par la justice ivoirienne. Selon lui, les auteurs de ces meurtres ne reflètent pas l'attitude générale des ex-belligérants, qui remettent habituellement leurs armes aux "forces impartiales" sans trop de difficulté lorsqu'ils sont interceptés dans la zone de confiance. Ils procédent d'un système "mafieux", a-t-il déclaré, sous-entendant que ces éléments se livraient à des actes de racket et de vols dans les villages.

Une dizaine d'autres militaires français ont été blessés au cours d'accrochages similaires depuis le début de l'opération, quelques jours après le déclenchement de la rébellion du 19 septembre 2002.

Cet accrochage "ne remet pas en cause le processus de réconciliation", a souligné le lieutenant-colonel Sallé, appelant les différentes parties ivoiriennes à faire preuve de calme et de retenue vis-à-vis des "forces impartiales" françaises et ouest-africaines.

L'ex-rébellion, rebaptisée Forces nouvelles, a pris les armes contre le régime du président Laurent Gbagbo voici près d'un an et contrôle toujours la moitié nord du pays. Elle participe au gouvernement de réconciliation nationale depuis mars dernier et a officiellement proclamé la fin de la guerre le 4 juillet dernier, dans une déclaration commune avec l'armée régulière gouvernementale, avant d'affirmer sa subordination au président Gbagbo.

Juillet 2003

Jeudi 10 Juillet 2003 : Militaires gouvernementaux et ex-rebelles "réconciliés" imposent une "feuille de route" aux civils.

Depuis la signature le 3 mai d'un cessez-le-feu intégral en Côte d'Ivoire, les militaires, qu'ils soient loyalistes ou ex-rebelles, ont refait rapidement leur unité et fraternisé, au point que, lors de l'annonce de la fin de l'"état de guerre" le 4 juillet devant le président Laurent Gbagbo, ils ont implicitement menacé les civils.

"En cas de désordre nous saurons prendre nos responsabilités" déclare ainsi un texte qu'ils ont signé ensemble.

"Ca fait des semaines qu'ils se côtoient, discutent ensemble, tous se connaissent", témoigne un officier supérieur français de la force Licorne.

En annonçant en grande pompe la "fin de l'état de guerre" après dix mois de rébellion, forces régulières (FANCI) et "Forces Nouvelles" (FN - désormais l'appellation officielle des rebelles qui avaient pris les armes le 19 septembre 2002) ont donné une preuve supplémentaire que le "processus de paix" va plus vite du côté des treillis que des costumes civils.

"Les forces armées de défense et de sécurité et les forces armées des Forces nouvelles ensemble invitons toutes les populations vivant sur le territoire à les suivre dans cette voie de paix, car, elle n'hésiteront pas à prendre leurs responsabilités, en cas de nouveaux désordres".

Tout en proclamant leur "subordination" au président et au gouvernement, les militaires ont tapé du poing sur la table et mis en garde les politiciens de tous bords contre toute tentative de saboter les accords de paix de Marcoussis, signés le 24 janvier dernier près de Paris et dont ils exigent la stricte application. Un "Marcoussis en treillis", selon l'expression de la Lettre du Continent. "On peut parler d'une feuille de route", déclare un militaire ivoirien sous couvert de l'anonymat.

Une "feuille de route" qui, selon des témoignages concordants semble bien avoir été imposée. Dans le plus grand secret, Fanci et FN se sont réunis le 2 juillet dans un hôtel d'Abidjan pour rédiger leur proclamation. Ils la soumettent le 3 en soirée au président, qui décide alors d'organiser la cérémonie du 4 à la présidence.

"Comme beaucoup de collègues, j'ai pensé que c'était un coup de force soft", juge un diplomate présent à la cérémonie.

Avec déférence mais grande fermeté, Fanci et Forces nouvelles ont en effet demandé au président de nommer "dans des délais raisonnables" les ministres de la défense et de la sécurité, deux postes ultrasensibles sur lesquels M. Gbagbo fait blocage depuis des mois contre pratiquement tous les autres partis politiques.

Les militaires ont également demandé aux députés de voter la loi d'amnistie adoptée récemment par le gouvernement de réconciliation nationale, et "invité" les hommes politiques à s'"impliquer sans réserve" pour Marcoussis.

Des accords que Laurent Gbagbo considère toujours comme un "médicament" et que les durs du régime, au premier rangs desquels sa propre épouse et le chef du parlement Mamadou Koulibaly, recrachent comme une potion amère.

Le porte-parole de l'état-major, le lieutenant-colonel Aka N'goran, a eu beau monter au créneau mardi dans la presse pour affirmer que "l'armée restée républicaine ne peut pas se permettre aujourd'hui de faire un coup d'Etat", de nombreux journaux n'en démordent pas: les militaires réunifiés ont dicté leur loi au président. "Les FANCI (armée régulière) lâchent Gbagbo", titrait mardi Le Front (opposition), "La paix ou le coup d'Etat", jugeait de son côté Le Patriote (opposition), tandis que dès lundi, le Temps, un journal proche du pouvoir avalisait cette thèse en dénonçant comme "un pur scandale" les menaces à peine voilées des militaires.

Quant au président Gbagbo, en fin politique, il a immédiatement rebondi dans son discours de réponse vendredi dernier, décrétant que les militaires ont peut-être décidé d'arrêter de se battre, mais que c'est lui et lui seul qui déterminera le moment où la paix sera une réalité en Côte d'Ivoire.

"La fin de la guerre des militaires n'est pas encore la fin de la guerre. Je ferai un discours à la nation le jour où j'estimerai que le moment est venu pour que la page soit définitivement tournée", a déclaré M.Gbagbo sans donner de date.

MSF: "crise sanitaire majeure" dans l'ouest ivoirien

L'Organisation non gouvernementale Médecins sans frontières (MSF) s'est déclarée jeudi inquiète de la situation humanitaire dans l'ouest ivoirien où il faut craindre "une crise sanitaire majeure".

Dans un communiqué parvenu à l'AFP, MSF souligne qu'en dix mois de crise la population civile de cette région est devenue "vulnérable, l'accès aux ressources alimentaires et aux services sanitaires en général a quasiment disparu" à l'issue d'un conflit armé qui a détruit toutes les infrastructures.

"Les espaces dédiés à la santé ne sont plus que des ombres, le personnel médical a fui les violences et les infrastructures hospitalières et sanitaires ont été pillées ou vandalisées", poursuit le communiqué.

Pour MSF, "à travers le conflit et la partition du pays, les routes traditionnelles d'acheminement des médicaments et du matériel nécessaires au bon fonctionnement des structures, ont été rompues".

Selon des sources des Nations unies, plus d'un million de personnes ont été déplacées en Côte d'Ivoire par la guerre civile, lancée le 19 septembre 2002 par une rébellion opposée au régime du président Laurent Gbagbo.

Près de 30.000 Libériens ont trouvé refuge au cours des deux derniers mois dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, notamment à Tabou, localité proche de la frontière libérienne, selon l'ONU.

Juin 2003

Vendredi 27 Juin 2003 : Tentative d'assassinat d'un ministre "rebelle".

De jeunes partisans du président Laurent Gbagbo ont tenté d'assassiner le ministre "rebelle" de la Communication, Guillaume Soro, alors que celui-ci rendait visite au siège de la télévision d'Etat.

Cette attaque contre le principal représentant au sein du gouvernement d'union nationale de l'ex-rébellion MPCI risque de faire remonter la tension en Côte d'Ivoire, où la paix civile a été retablie depuis près de deux mois après une longue rébellion qui avait divisé le pays en deux.

Le gouvernement a réagi rapidement en condamnant cette attaque qualifiée d'"acte abominable" et en promettant d'ouvrir immédiatement une enquête.

Il a également fixé au 1er août la date d'ouverture du processus de désarmement des factions, qui devra s'achever au plus tard le 15 septembre, soit un an presque jour pour jour après le mouvement insurectionnel du 19 septembre 2002.

"Je déplore ce qui s'est passé à la station", a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre par intérim de la Sécurité, Zelogo Fofana. "Une enquête a été diligentée".

Au siège de la radio-télévision RTI, des responsables ont confirmé que le ministre avait été assailli alors qu'il visitait les lieux.

Soro, en plus de son appartenance au gouvernement, est secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire, principale faction rebelle implantée dans le nord musulman.

Souleymane Koné, collaborateur de Soro, a accusé le personnel de la station, restée fidèle à Gbagbo durant toute la durée de l'insurrection, d'avoir délibérément laissé les agresseurs pénétrer dans l'enceinte de la station à Abidjan.

"Ils sont arrivés avec des pierres et des barres et ont tenté de mettre le feu au le bâtiment où il se trouvait. Ils ont tenté de le tuer. Il n'a été sauvé que parce la gendarmerie a amené un char pour pouvoir l'évacuer", a confié Koné à Reuters.

Cette agression contre l'une des principales figures de la rébellion du Nord, membre du gouvernement de réconciliation nationale issu des accords interivoiriens négociés en janvier en France, est susceptible de remettre le feu aux poudres dans le pays après une accalmie de près de deux mois.

En dépit de cette trêve, de nombreux problèmes restent en suspens, dont la question du désarmement des factions armées et le rétablissement de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire.

A Abdijan, des miliciens "loyalistes" s'entraînent ouvertement à ce que les anciens rebelles, qui se sont rebaptisés "Forces nouvelles", craignent être une possible reprise des combats.

Mai 2003

Mardi 20 Mai 2003 : Cessez-le-feu sans couvre-feu: la réconciliation en marche en Côte d'Ivoire.

Accord de cessez-le-feu intégral, suppression du couvre-feu et des "zones de guerre": au bout de huit mois de crise politico-militaire, la Côte d'Ivoire a franchi d'importantes étapes vers la réconciliation même si elle est encore loin de la paix et de la stabilité.

Une réconciliation balbutiante et fragile certes. Mais une réconciliation "éclair" à l'aune de l'Afrique de l'ouest, où la Sierra Leone et le Liberia voisin, confrontés à des cas de figure similaires, sont passés par des années de guerre civile et d'atrocités avant de parvenir à un semblant de normalisation.

Si l'on excepte l'entrée de rebelles au gouvernement, le signe d'apaisement le plus fort depuis le 19 septembre 2002 est sans aucun doute le cessez-le-feu intégral signé le 3 mai entre l'armée ivoirienne (Fanci) et les rebelles des Forces nouvelles.

Outre l'arrêt des combats, globalement respecté depuis le 3 mai, les belligérants se sont engagés "à tout mettre en oeuvre pour favoriser la libre circulation des personnes, des biens, des opérateurs économiques et des agences humanitaires (...) sur toute l'étendue du territoire national".

La suppression dans la foulée des "zones de guerre", une classification gouvernementale qui empêchait la reprise des activités administratives et économiques dans la moitié nord du pays sous contrôle rebelle, s'est traduite par le redémarrage timide mais politiquement très symbolique de la ligne de train Abidjan-Ouagadougou avec un "convoi test".

Le 12 mai, le Premier ministre burkinabè, Ernest Paramanga Yonli, laissait entendre que la frontière terrestre commune, fermée au début du conflit, pourrait être rouverte avant la fin du mois et se félicitait du réchauffement des relations entre les deux pays, très interdépendants économiquement et dont les relations se sont sérieusement détériorées. Abidjan a maintes fois accusé Ouagadougou de soutenir la rébellion.

Une étape supplémentaire devrait être franchie jeudi avec la première réunion d'un conseil du gouvernement à Bouaké (centre), la deuxième ville du pays et quartier général des Forces nouvelles, comme le Premier ministre Seydou Diarra l'avait souhaité pour sceller la réconciliation.

Ces touches positives ne suffisent toutefois pas à peindre un tableau idyllique.

La "locomotive économique" d'Afrique de l'ouest est au plus mal, avec une activité portuaire en baisse de 50%, des recettes douanières en chute libre, et un "budget de sauvetage" 2003 annoncé à la baisse de 20% "dans une logique de grande restriction".

Sur le plan politique, faute d'un introuvable consensus, le blocage persiste sur la nomination des ministres de la Défense et de la Sécurité. Le président Laurent Gbagbo refuse qu'on lui impose "un nom et un rythme", soutenu par le Front populaire ivoirien (FPI) dont il est issu. Toutes les autres formations politiques font bloc autour du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (ancien parti unique), allant jusqu'à sommer le chef de l'Etat de procéder à ces nominations.

En réaction à ce "front anti-FPI", les organisations de "jeunes patriotes", proches de Laurent Gbagbo, ont appelé à une grande manifestation le 24 mai et réclament à cor et à cris le "désarmement immédiat" des rebelles.

Pour l'heure, il s'agit surtout de rétablir la sécurité dans l'ouest du pays, frontalier du Liberia, où des combattants libériens employés par chacun des belligérants sont toujours en armes et accusés de multiples exactions sur les populations civiles.

Forces gouvernementales (Fanci), rebelles, militaires français de l'Opération Licorne et soldats ouest-africains de la MICECI multiplient les rencontres pour s'y déployer au plus vite.

Prévu dans les accords de Marcoussis, le cantonnement et le désarmement des "forces en présence" sera une opération difficile et de longue haleine, indique un haut responsable de la MICECI, citant l'exemple sierra-léonais où le processus a duré quatre ans, et encore avec 17.000 casques bleus.

"Ceux qui demandent le désarmement immédiat ne savent pas de quoi ils parlent. S'ils sont si courageux, ils n'ont qu'à y aller eux-mêmes", tranche l'officier.

Dimanche 4 Mai 2003 : Le cessez-le-feu appliqué en Côte d'Ivoire .

Les armes se sont tues dimanche en Côte d'Ivoire avec l'entrée en vigueur du cessez-le-feu conclu la veille entre le gouvernement et les insurgés pour mettre fin à sept mois de guerre civile.

Selon Antoine Beugre, porte-parole du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), le principal groupe rebelle, les combats ont cessé une heure avant l'entrée en vigueur, dimanche à 00H01 GMT, de la trêve signée par l'armée et le MPCI. "Il n'y a plus de tirs (...) depuis minuit" samedi, a-t-il dit, joint par téléphone dans le fief des rebelles à Bouaké (centre).

"Nous respectons toujours les cessez-le-feu", a déclaré de son côté le porte-parole de l'armée régulière, le colonel N'Goran Aka, qui a confirmé l'arrêt des combats près de Danane, près de la frontière libérienne.

La rébellion ivoirienne, après avoir manqué son coup d'Etat le 19 septembre 2002 à Abidjan (sud), la capitale économique et politique, a pris le contrôle du nord et de la majeure partie de l'ouest du pays. Le conflit a fait plusieurs milliers de morts, entraîné le déplacement d'un million d'habitants et plongé dans le chaos l'économie du premier pays producteur de cacao.

Des représentants de l'armée ivoirienne, des forces rebelles, et des forces françaises et régionales de maintien de la paix se sont rencontrées dimanche sur la ligne de front, dans la ville de Tiébissou, dans le centre, selon des responsables. MM. Beugre et Aka ont précisé qu'il s'agissait de discussions sur le contrôle du nouveau cessez-le-feu.

Près de 4.000 soldats français coopèrent avec la force ouest-africaine de maintien de la paix pour surveiller les précédentes trêves, fréquemment violées par les deux camps, qui s'accusent mutuellement d'employer des mercenaires, libériens notamment.

Les autorités ivoiriennes et libériennes ont convenu la semaine dernière d'empêcher ensemble les infiltrations à la frontière.

Mars 2003

Vendredi 7 Mars 2003 : Un ex-ministre PDCI attaqué chez lui par des hommes en uniforme.

Un ancien ministre, membre du parti de l'ex-président Henri Konan Bédié, Bernard Ehui, a été attaqué à son domicile à Abidjan dans la nuit du jeudi 6 Mars au vendredi 7 Mars par des "hommes en uniforme", durant les heures de couvre-feu, a-t-il déclaré vendredi à l'AFP.

"Ils étaient très nombreux. Depuis une fenêtre de ma maison, j'ai pu voir deux véhicules blindés, et des hommes munis de fusils d'assaut. Ils ont tiré sur la maison. Ca a duré jusqu'au matin", a raconté au téléphone M. Ehui, ancien ministre de l'Industrie de 1983 à 1988, et membre du bureau politique du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, ancien parti unique).

"De l'extérieur, on nous a demandé d'ouvrir, ce que nous n'avons pas fait", a ajouté l'ancien ministre, encore sous le choc, qui était avec toute sa famille à son domicile au moment des faits, situé dans le quartier des Deux Plateaux.

Interrogé par l'AFP, le ministre ivoirien de la Défense, Bertin Kadet, a expliqué que "jeudi 6 mars, après le couvre feu, vers 22h10, nos forces ont été averties qu'un camion de 10 tonnes aurait débarqué du matériel suspect derrière le magasin SOCOCE", une grande surface des Deux Plateaux.

"Les éléments dépêchés sur place ne savaient pas que c'était la maison de Ehui Bernard", a souligné M. Kadet.

A l'arrivée des forces de l'ordre, "trois individus qui déchargeaient le camion ont fui pour se réfugier dans une maison" et ont refusé d'en sortir, a-t-il affirmé.

"Vers 23h00, des éléments de la patrouille mixte sont arrivés sur les lieux sans pouvoir davantage vérifier le contenu du camion", a poursuivi M. Kadet.

"J'ai suggéré aux éléments de se relayer autour de la maison jusqu'au matin pour effectuer les vérifications. Il n'y a pas eu de tirs, ce sont des histoires", a affirmé le ministre avant d'indiquer que "la fouille a finalement révélé que le camion avait transporté du poisson. Ce n'est que plus tard que l'on a découvert qui était le propriétaire de la maison".

M. Ehui, qui affirme avoir passé une bonne partie de la nuit couché sur le sol, a porté plainte au commissariat du XIIème arrondissement.

"C'est affreux ce qui est arrivé. Je suis indigné. C'est de la lâcheté. Qu'est-ce qu'on peut lui reprocher? D'être du PDCI?", a commenté depuis Paris l'ancien président Konan Bédié, joint par téléphone.

Le 8 novembre dernier, un autre ancien ministre du PDCI, Maurice Guikahué, avait affirmé que des "policiers" s'étaient présentés à l'aube chez lui.

"J'avais depuis la veille des informations comme quoi ma vie était menacée. Samedi matin, vers 07H00, cinq agents de sécurité, vêtus d'uniforme de police, ont sonné à ma porte, dans le quartier des Deux Plateaux", avait-il raconté.

"Bien sûr, nous n'avons pas ouvert, à la suite des informations obtenues la veille. Ils sont restés une demi-heure et sont repartis en annonçant qu'ils reviendraient", avait déclaré M. Guikahué, ancien ministre de la Santé et actuel secrétaire général adjoint du PDCI chargé de l'organisation et de la mobilisation.

Samedi 1er Mars 2003 : Laurent Gbagbo porte plainte contre le Monde et La Croix.

Laurent Gbagbo
Le président ivoirien Laurent Gbagbo a annoncé que l'Etat de Côte d'Ivoire a porté plainte contre deux quotidiens français, Le Monde et La Croix, suite à des articles concernant les escadrons de la mort.

"Nos avocat (à Paris), qui ont déjà été payés, sont à l'oeuvre pour que le procès commence", a déclaré le président ivoirien, sous des applaudissements nourris, au cours d'une conférence de presse.

"Je suis prêt à ce que tous les témoins qui seront cités aillent à Paris", a poursuivi le président ivoirien.

"C'est trop facile d'aider ses petits copains en écrivant de la bave sur des gens honnêtes. Donc j'ai décidé d'attaquer en justice le Monde et La Croix pour qu'ils donnent les éléments de preuves des escadrons de la mort de Gbagbo", a encore déclaré le président ivoirien.

"La Côte d'Ivoire n'est pas gouvernée par un assassin. Je n'ai jamais tué quelqu'un. Ma femme n'a jamais tué quelqu'un", a-t-il poursuivi.

"J'aime le combat, mais dans les règles. Je n'aime pas les gens qui donnent des coups de pieds dans le bas ventre (...) J'espère que Kofi Annan (le secrétaire général de l'ONU) va envoyer des enquêteurs, et nous saurons la vérité", a-t-il conclu.

Des journalistes de l'AFP et France 2 insultés et molestés à la présidence ivoirienne .

Une équipe de la télévision française publique France 2 et des journalistes de l'AFP ont été insultés et molestés samedi dans l'enceinte de la présidence ivoirienne alors qu'ils venaient couvrir la conférence de presse du président Laurent Gbagbo.

Ces journalistes, dûment accrédités, ont été agressés verbalement et physiquement par des militaires et des civils dans l'enceinte même du palais présidentiel. Des hommes en uniforme ont été jusqu'à les menacer de mort.

Venus couvrir une conférence de presse du président Gbagbo dont l'un des sujets était les "escadrons de la mort", ces journalistes ont été l'objet d'attaques verbales comme: "Vous êtes les ennemis de la Côte d'Ivoire", "Vous êtes corrompus", "Vous avez vendu notre pays"...

En raison de l'attitude agressive des gardes de la présidence et du climat général d'hostilité, les journalistes de l'AFP et de France 2 ont décidé de quitter les lieux.

Alors que certains officiels ivoiriens tentaient de calmer le jeu, des hommes en civil ont tenté d'arracher la caméra de France 2 pour se saisir de la cassette.

Février 2003

Vendredi 21 Février 2003 : La communauté musulmane de plus en plus menacée.

A la suite de l'assassinat de deux dignitaires musulmans, l'imam Koudouss, qui sent monter la révolte chez certains de ses fidèles, a déclaré : "J'exerce une grosse pression sur la communauté musulmane pour l'apaiser et éviter les débordements"

"La communauté musulmane est menacée, plusieurs imams ont quitté la Côte d'Ivoire après avoir reçu des visites suspectes dans leur mosquée", a indiqué le dignitaire religieux, qui affirme être lui-même recherché par les "escadrons de la mort" dans son propre quartier.

"Des gens proches du pouvoir veulent tout faire pour créer une guerre religieuse, beaucoup de provocations et beaucoup d'indices le montrent", a-t-il affirmé.

"Il n'y a pas de guerre religieuse en Côte d'Ivoire, on veut éviter que deux communautés soient dressées les unes contre les autres. Une guerre militaire on peut l'arrêter à tout moment, mais pas une guerre religieuse et ethnique, qui n'a pas de chefs. Ce serait une catastrophe pour le pays", a martelé l'imam Koudouss, qui a multiplié les initiatives et les rencontres avec le cardinal archevêque d'Abidjan, Mgr Bernard Agré.

Le président du CNI ajoute qu'il a alerté les différentes représentations internationales à Abidjan sur les menaces qui pèsent sur sa communauté et sur lui-même et entend demander une protection officielle.

Jeudi 20 Février 2003 : Combats à Zuenoula.


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La situation pourrait dégénérer en Côte d'Ivoire si les combats dans la région de Zuénoula (centre, 320 km au nord-ouest d'Abidjan), sont avérés, a averti dans la soirée la rébellion du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), depuis Bouaké (centre), son quartier général.

"On est en train de vérifier ce qui se passe à Zuénoula. Il semble que ça devient sérieux. Si c'est vrai, ça va dégénérer", a déclaré l'adjudant Antoine Beugré, responsable du bureau de presse du MPCI.

"Il semble que les militaires loyalistes ivoiriens nous ont attaqués au niveau de Béoumi (60 km à l'est de Zuénoula). On est en train de vérifier", a-t-il ajouté.

Béoumi, de l'autre côté du lac Kossou, est située en zone rebelle.

L'état-major de l'armée ivoirienne a annoncé que des combats se déroulaient depuis mercredi matin entre rebelles et forces armées ivoiriennes près de Zuénoula, ville située au niveau de la ligne de cessez-le-feu, sous contrôle des forces loyalistes.

"les forces régulières ont initié une opération d'envergure pour nettoyer la zone de tous rebelles", indique le communiqué de l'état-major ivoirien.

Selon un habitant de Zuénoula, deux hélicoptères de combats des forces gouvernementales ont bombardé des positions au nord de la ville toute la journée de mercredi, et ont poursuivi les attaques dans la matinée de jeudi.

Le bilan provisoire communiqué par l'état-major ivoirien est d'"une dizaine de blessés dont trois graves et un disparu" au sein des forces loyalistes. Aucun chiffre n'est disponible côté rebelle.

Jeudi 20 Février 2003 : Heurts entre manifestants et forces de l'ordre dans une banlieue d'Abidjan.

Jeudi matin à Anyama (30 km au nord d'Abidjan), des "bérets rouges de la gendarmerie" se sont livré à des pillages dans un quartier dont la plupart des habitants sont musulmans, avant de tuer chez lui un prédicateur, Cissé Mory, qui était en train de faire sa prière, a ajouté l'imam Koudouss.

"Les choses ont dégénéré lorsque les gendarmes ont voulu emmener le corps à la morgue", raconte-t-il. Les musulmans s'y sont opposés et des jeunes en colère ont jeté des pierres sur les forces de l'ordre, qui ont en retour ouvert le feu sur la foule, tuant un jeune homme de 18 ans de l'ethnie dioula (ethnie du nord majoritairement musulmane) , selon le président du CNI.

Les heurts sont alors devenus plus importants et les manifestants dressaient des barricades de fortune.

Les forces de sécurité pourchassaient les manifestants dans les rues et les policiers de la Brigade anti-émeute (BAE) ainsi que des membres des compagnies républicaines de sécurité (CRS) tentaient de disperser les jeunes Dioulas avec des gaz lacrymogènes.

Des groupes de jeunes filles provoquaient également les policiers, lançant des insultes et se déshabillant parfois en marque de mépris.

Deux voitures au moins ont été incendiées au cours de ces heurts, a constaté un journaliste de l'AFP. Le quartier le plus agité d'Anyama est celui appellé "quartier Dioula".

Capitale de la noix de cola, Anyama a des allures de ville morte: tous les commerces sont fermés depuis ce matin et le marché est quasiment désert. Sur les routes, des pierres, des étals renversés et des traces de pneux brûlés témoignent de ces heurts.

Un groupe de journaliste a été pris à partie par des policiers qui leur ont demandé de quitter les lieux avec une certaine animosité.

On pourra noter avec quelle promptitude les forces de l'ordre interviennent à la moindre manifestation d'opposant. Alors que lorsqu'il s'agit de jeunes patriotes, elles laissent faire sans réagir même lorsque des intérêts étrangers sont menacés ou attaqués.

Mercredi 19 Février 2003 : Un dignitaire musulman tué en plein jour à Abidjan par des hommes en armes .

Un dignitaire musulman a été assassiné en plein jour par des individus armés circulant en 4x4 à Abobo, un quartier d'Abidjan. Une exaction de plus à mettre au compte des escadrons de la mort.

Mohamed Lamine Sangaré, imam adjoint d'une mosquée d'Abobo, a été "froidement abattu en plein jour" par des "individus circulant en 4x4", a déclaré l'imam Idriss Koudouss Koné, président du Conseil national islamique (CNI), la principale organisation musulmane ivoirienne.

Selon des témoins, M. Sangaré a été interpellé par des hommes, certains portant un uniforme d'autres en tenue civile, alors qu'il se trouvait dans une rue proche de sa mosquée.

Ces hommes ont demandé à l'imam de monter dans un de leurs véhicules, mais celui-ci a refusé et a tenté de s'enfuir, avant d'être abattu par ses agresseurs.

Pour tenir à distance la foule attirée par les coups de feu, les "bérets rouges" ont tiré en l'air et appelé un corbillard pour enlever le corps de M. Sangaré.

Vendredi 14 Février 2003 : Liens entre le président Gbagbo et les escadrons de la mort d'Abidjan.

Simone Gbagbo
L'Express
Le rapport de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire fin décembre met en cause les partisans du président Laurent Gbagbo dans des violences, et notamment dans les exactions commises par des "escadrons de la mort", affirme le quotidien "La Croix" dans son édition de mercredi.

"Les escadrons de la mort en Côte d'Ivoire seraient constitués d'éléments proches du gouvernement, de la garde présidentielle et d'une milice tribale de l'ethnie -bété- du président Laurent Gabgbo", auraient écrit les enquêteurs qui se sont rendus sur place du 23 au 29 décembre avant d'envoyer leurs conclusions au Conseil de sécurité de l'ONU il y a une semaine.

"La Croix", qui affirme avoir pu consulter le rapport secret d'une trentaine de pages "dans son intégralité", ajoute que le chef de la diplomatie française Dominique de Villepin pourrait évoquer ce document mercredi avec le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, en marge du débat sur l'Irak au Conseil de sécurité.

Les enquêteurs écrivent, toujours selon le quotidien, que "des noms ont été communiqués" en ce qui concerne les escadrons de la mort opérant à Abidjan qui, avec "des milices constituées d'éléments autonomes, sèment la terreur et procèdent à des exécutions et des enlèvement de personnes".

En outre, poursuivent les auteurs, "selon diverses sources d'information, de nombreuses exécutions seraient également commises dans la forêt du Banco à Abidjan, (où) des corps de personnes exécutées ont été retrouvées. Cette forêt serait à présent sous la surveillance de l'armée nationale. Les escadrons de la mort bien organisées disposeraient de listes de personnes à exécuter. Ces affirmations ont été confirmées par plusieurs témoins".

Selon "La Croix", une nouvelle "liste noire" circulait à Abidjan lundi, comportant notamment "les noms de l'épouse et des enfants du Premier ministre du gouvernement de réconciliation nationale, Seydou Diarra".

Toujours d'après le quotidien, "des informations connues des plus hautes autorités françaises mettent en accusation le 'premier cercle'" de Laurent Gbagbo: "en premier lieu, le capitaine Seka Yapo, un gendarme qui fait partie de la garde de Simone Gbagbo", l'épouse du président; "l'un des responsables de la sécurité personnelle" du chef de l'Etat, Patrice Bahi, serait "spécialement chargé, selon de nombreux témoignages, de l'élimination des personnes moins connues et des civils gênants".

Quant aux rebelles du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI, qui contrôle le nord), il auraient creusé plusieurs fosses communes dans leur fief de Bouaké (centre) mais, "depuis l'arrivée des troupes françaises (le 23 septembre), on ne dénote plus d'exactions".

Mercredi 12 Février 2003 : Carolyn McAskie inquiète pour les populations en zone rebelle .

La situation humanitaire de trois ou quatre millions de personnes vivant en zone rebelle en Côte d'Ivoire se détériore rapidement, a souligné mercredi à Genève Carolyn McAskie, envoyée spéciale du secrétaire général de l'Onu.

"De l'autre côté des lignes de cessez-le-feu, il n'y a plus de gouvernement, pas d'administration, pas d'écoles, pas de centres de soins", a-t-elle déclaré au cours d'une conférence de presse, de retour d'une mission de trois semaines en Afrique de l'ouest.

Elle a notamment évoqué la propagation d'épidémies de fièvre jaune et de choléra.

Carolyn McAskie s'est dit particulièrement inquiète pour les populations vivant dans les régions frontalières avec le Liberia, livrées aux milices et "aux jeunes gens drogués et armés qui se livrent à toutes les atrocités possibles".

"Nous sommes confrontés à une crise régionale très compliquée, humanitaire, politique et économique, en Côte d'Ivoire et dans les Etats voisins", a-t-elle ajouté, rappelant que, selon les estimations de l'Onu, 600.000 personnes étaient déplacées en Côte d'Ivoire, tandis que 250.000 autres avaient fui dans les pays voisins, parmi lesquelles des Ivoiriens et des ressortissants d'autres pays.

Mme McAskie doit à présent rendre compte de sa mission au secrétaire général de l'Onu Kofi Annan. L'Onu a demandé 22 millions de dollars pour ses opérations humanitaires et n'a reçu jusqu'ici que 10 à 15% de cette somme.

"Une de mes recommandations est que (les mouvements rebelles) doivent être l'objet d'une étude en profondeur dans la région, pour examiner comment ils s'influencent les uns les autres", a-t-elle ajouté.

Janvier 2003

Lundi 27 Janvier 2003 : Le président Laurent Gbagbo sous pression.

Plusieurs milliers de jeunes Ivoiriens réinvestissent les rues. Plus de 2.000 jeunes se rassemblent devant l'ambassade de France à Abidjan. Le camp militaire français du 43ème BIMa est également la cible de quelques dizaines de manifestants.

M. Gbagbo appelle les manifestants à retourner chez eux et au travail.

Le leader du principal mouvement rebelle, Guillaume Soro, estime que le président Gbagbo doit avoir "le courage, la fermeté et l'abnégation" d'appliquer l'accord.

Le président burkinabè Blaise Compaoré se félicite de l'accord et estime que le conflit est "sur la voie du réglement".

Dimanche 26 Janvier 2003 : Les symboles de la France attaqués à Abidjan.

Des dizaines de milliers de partisans du président Gbagbo attaquent violemment à Abidjan des symboles de la France. Les manifestants, souvent très jeunes et armés de gourdins et de machettes, paralysent la capitale économique.

Les principaux symboles de la France sont pris d'assaut: l'ambassade, des écoles françaises, les bureaux d'Air France, le camp français du 43ème Bataillon d'Infanterie de Marine (BIMa), le Centre culturel français, des domiciles de Français. Le consulat du Burkina Faso, pays accusé par le régime Gbagbo de soutenir les rebelles, est incendié.

Le président Gbagbo appelle depuis Paris "tous les Ivoiriens à rester calmes". Le ministre de la Défense appelle "au calme et à la sérénité".

Le sommet des chefs d'Etat africains approuve à Paris l'accord de paix, conclu le 24 janvier.

Des sources concordantes à Paris indiquent que les rebelles doivent obtenir les ministères-clés de la Défense et de l'Intérieur.

L'Union européenne s'engage à accorder une aide de 400 millions d'euros sur cinq ans.

Des militaires français arrivent à Abidjan en renfort des éléments du 43ème BIMa, en provenance de la ligne de front qu'ils étaient chargés de sécuriser.

Le président Chirac appelle toutes les parties à "respecter au pied de la lettre" l'accord.

Le président Gbagbo se déclare "heureux qu'on ait abouti à l'accord" en admettant qu'il "n'a pas gagné la guerre".

L'état-major des forces loyalistes estime que "certains points des accords sont de nature à humilier les forces de sécurité et de défense, l'Etat et le peuple ivoirien".

Le président Gbagbo regagne Abidjan. Il est accueilli par les plus hautes personnalités du régime, notamment Charles Blé Goudé, un des organisateurs des manifestations.

Samedi 25 Janvier 2003 : Sommet de chefs d'Etat africains à Paris.

Seydou Diarra
Le président Chirac ouvre à Paris un sommet de chefs d'Etat africains, en présence du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. Il appelle les responsables ivoiriens à "traduire dans les faits" l'accord de sortie de guerre.

Le principal opposant Alassane Ouattara salue l'accord comme marquant la fin de l'"ivoirité".

Le président Gbagbo accepte l'accord de réconciliation et annonce la nomination d'un nouveau Premier ministre de consensus, Seydou Diarra. Le secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI, principal rebellion), Guillaume Soro annonce que son mouvement a obtenu les portefeuilles de la Défense et de l'Intérieur.

Dans la soirée, des manifestations anti-françaises éclatent dans plusieurs quartiers d'Abidjan.

Manifestations de joie à Bouaké, bastion rebelle du centre du pays.

Vendredi 24 Janvier 2003 : Signature à Marcoussis d'un accord de paix.

Signature dans la nuit d'un accord par les protagonistes de la crise, à l'issue d'une table ronde de neuf jours tenue à huis clos à Marcoussis. L'accord prévoit le maintien au pouvoir du président Laurent Gbagbo et un gouvernement ouvert à toutes les parties, y compris les rebelles.

Dans l'après-midi, le président français Jacques Chirac reçoit son homologue ivoirien Laurent Gbagbo.

Le responsable d'une des principales organisations de jeunesse soutenant le régime, Charles Blé Goudé, qualifie les accords de "honte pour les rebelles et la France".


Dernière mise à jour : 9 Novembre 2004 /
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